Le galet et la mauvaise nouvelle
C'était un galet perdu sur le bitume. Assez petit, tout juste 2 cm de diamètre.
J'attendais quelqu'un, je tournais en rond quand ma semelle a rencontré ce caillou anodin.
Les minutes passaient, je commençais à m'habituer à sa "présence". J'ai fini par le prendre dans creux de la main pour en inspecter les moindres aspérités. Quand la personne que j'attendais est enfin arrivée, j'ai glissé ce caillou dans la poche de mon manteau. La personne et moi avons eu une conversation pendant laquelle je n'ai pas lâché le galet.
Elle venait de s'entretenir avec un médecin du service de cancérologie, il fallait que nous nous préparions à voir quelqu'un partir. C'était imminent.
Se préparer...
J'étais assommée. Perdue, comme le galet.
Malgré lui, il avait été le témoin de l'annonce de cette mauvaise nouvelle. A mes yeux, il en est devenu le symbole : le galet du moment où j'ai appris que cela arriverait. Et cela est arrivé.
C'était il y a six ans. Depuis, il ne m'a pas quitté. J'ai compris que le travail de deuil avait été accompli quand j'ai pu le reprendre dans le creux de la main sans que les larmes ne reviennent.